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De Notigou et du Monde
4 juin 2013

La palourde

En bas d’chez moi savez-vous quoi qu’y a ?

Y a la mer, y a la plage.

A la plage savez-vous quoi qu’y a ?

Y a des coquillages.

Et ces coquillages, y sont quoi ?

Y sont des palourdes.

Il n’y pas que des palourdes mais ce sont les plus faciles à trouver. Non ce n’est pas vrai, il y a les berniques et les bigorneaux qui sont d’autant plus faciles à ramasser qu’ils se cachent à peine. La palourde a la prudence de rester enterrée, ensablée devrais-je écrire, et il faut un minimum de curiosité pour la chercher. Quoique certaines aux tendances suicidaires profitent du soleil au fond des mares.

Alors, gratte ! Gratte !

C’est le refrain sur la plage en bas du ruisseau de Keravilin : la palourde abonde dans ce gravier facile à remuer, sous ces petites pierres que l’on déplace d’un coup de sarclette. Elle y trouve ce qu’elle aime par-dessus tout : les algues et particules microscopiques que le ruisseau lui apporte.

Dans "Besoin de mer", Hervé Hamon parle beaucoup mieux de l'estran et des palourdes : celle, si grosse, qu'il cacha sous un rocher pour gagner le concours.

Dès la mi-marée les bassiers se précipitent à la recherche de la palourde. On voit s’agiter toutes les générations, du bambin dérangeant les crabes et se trempant de la tête au pied dans ce qui n’aurait pas suffi à faire cuire un œuf dur, aux grands-parents assidus et méthodiques.

Ils sont trop nombreux sur cette portion d’estran, ils grattent de plus en plus loin pour des résultats toujours plus proches de la taille minimum à respecter (4 cm)

Je préfère aller un peu plus loin dans une zone où j’accompagnais déjà mon père pour y gratter : Toull Yann, connu des seuls initiés.

Je suis sur ma zone de pêche, comme disent les professionnels, il faut maintenant trouver le bon coin : cailloux et graviers, peut-être une source dans la falaise. En fait depuis que je gratte ce coin je me déplace à chaque fois. La dernière fois j’étais là, il faut laisser le temps aux palourdes de revenir, je dirige mes pas un peu plus loin.

Voici un endroit prometteur : du gravier sur une jolie surface sans gros cailloux, un petit écoulement d’eau, une petite mare à proximité pour y rincer ma pêche.

J’écarte les plus grosses pierres et je gratte. Ce n’est pas la peine d’aller bien profond, elles sont là juste là sous la surface dans ce mélange de sable grossier et de boue. A l’abri d’un caillou j’en trouve une puis une autre.

Le coin est bon ! Car la palourde est assez grégaire, elles se regroupent à plusieurs de taille similaire dans un même trou. J’en ai trouvé jusqu’à dix entassées les unes contre les autres, les plus grosses au fond collées contre le rocher. La répartition est sensiblement toujours la même.

Comme je retourne des cailloux je trouve également des bigorneaux que je ramasse en prenant bien garde de ne pas mélanger ma pêche : si je rinçais mal mes palourdes, leur sable irait polluer les bigorneaux.

Combien serons-nous à table : 1 ? 2 ? 4 ? ou plus ? Le ratio est de 6 palourdes par personne si c’est pour l’entrée, le double pour un plat. Quand j’ai atteint la quantité visée je m’arrête sauf pour les bigorneaux pour lesquels je n’ai pas encore établi de politique de quota.

IMG_0023

Il faut porter une attention encore plus particulière aux palourdes qui sont trop petites : elles sont le futur repas ! Il faut les mettre à l’abri des oiseaux goulus.

Les bigorneaux seront cuits selon la recette familiale : 1,5 litre d’eau de mer dans la casserole, y mettre les bigorneaux, 2 feuilles de lauriers toutes fraîches, des grains de poivre et de la poudre de gingembre (c’est possible) ; porter à ébullition 5 minutes environ ; couper le gaz ou retirer du feu et laisser refroidir dans un coin où cela ne vous gêne pas dans vos autres activités. Quand vous estimez que c’est assez froid vous sortez les bigorneaux du bain. Ne reste plus qu’à les décoquiller.IMG_0022

Ils seront dégustés selon ma recette personnelle : bigorneaux et whisky !

Pour les palourdes, les ouvrir à la demande.

Si tout n’est pas mangé dans la journée, les rescapées retrouveront le lendemain matin la grande mare et je les remplacerai par de plus fraîches.

 

En d’autres lieux la méthode de pêche diffère : les vastes étendues de sable un peu vaseux permettent la pêche aux trous. 2 petits trous oblongs indique la présence de la palourde : gratter, elle est là. Moins grégaire que sa cousine de Toull Yann, il faut butiner de trou en trou.  Les seaux se remplissent rapidement.

Dans le Golfe (du Morbihan, pas l’autre), de mon kayak, j’ai pu en draguer en plongeant mes mains dans le sable de plages pas encore découvertes par la marée : le résultat avait été très intéressant.

 Mais rien ne vaut ces pêches à Toull Yann où j’oublie tout ce qui me contrarie. J’ai l’impression de ne plus être dans le monde actuel mais d'avoir fait un bond de plusieurs siècles en arrière.

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